L'Œil Dans le Rétro
LE CYCLE PATRIMOINE EN NOVEMBRE
#Henry-Georges Clouzot
Dans la mémoire cinéphile, le nom d’Henri-Georges Clouzot (1907-1977) est associé à cette “qualité française” que contestèrent les futurs cinéastes de la Nouvelle Vague. Pourtant, ses films continuent de fasciner. C’est ce que redisent les remakes qui en sont faits, les rediffusions qui attirent une large audience.
Il y a un mystère Clouzot, il y a un vertige et une folie qui n’appartiennent qu’à lui, et qui le ramènent sans cesse au même point (aveugle ?) : la recherche d’une forme idéale, une forme que l’artiste pourrait maîtriser totalement et qui deviendrait la figure même de la vérité. Cette ambition insensée, il l’a côtoyée dans ses portraits filmés de grands artistes comme Picasso, ou lors des projets réflexifs de sa dernière période. Mais elle est déjà présente dans le cinéma soi-disant classique qui l’a rendu célèbre, de L’Assassin habite au 21 aux Diaboliques, en passant par Le Salaire de la peur. Raconter le mystère Clouzot, c’est raconter un classicisme qui se met en crise : un démiurge qui atteint un tel degré de perfection et de contrôle qu’il finit par douter de ses pouvoirs.
Un Mabuse contrarié, héritier de la grande tradition langienne du réalisateur tout-puissant – et que sa démesure fait basculer bizarrement en pleine modernité.
Une certaine damnation à laquelle s’expose l’artiste, dès lors qu’il se prend pour Dieu.
Noël Herpe
Retrouvez un film de Henry-Georges Clouzot tous les dimanches, du 6 au 27 novembre à 18h au tarif unique de 4€.
Dimanche 20 novembre à 18h décryptez Quai des orfèvres avec Noël Herpe, spécialiste patrimoine.